Travaux agricoles d'autrefois

LE FOIN à la Borde (Pléchâtel, Ille-et-Vilaine, France) :

 

Début juillet, le foin des Landes était mûr.
Pour faire du bon foin, il faut du beau temps. Alors, nous appelions la météo " Rennes - St-Jacques-de-Lande " pour connaître les prévisions.
Entre le moment où l'on fauche le foin et celui où l'on le ramasse à l'abri, trois à quatre jours vont s'écouler. Alors il faut autant de jours sans pluie.
" C'est bon, on peut y aller! " La faucheuse rotative rentre à action. Elle était prête depuis longtemps, avec son petit sac à outils, ancien cartable de Viviane.
Avant la faucheuse rotative, c'était la faucheuse à scie et à sections. Il fallait rebattre la scie, affiler les sections à la meule qui se tournait à la main. C'était un travail dur, de bagnard.
En quelques heures, les sept hectares de foin des Landes étaient coupés, " sragués!", " flaoupés! ".
Il séchait ainsi en un jour ou deux, selon l'intensité des rayons du soleil. S'il ne pleuvait pas, il n'y avait besoin de le faner avec le rateau-faneur, qu'une seule fois.
Nous cueillions des trèfles à quatre feuilles; ça porte bonheur.
Puis, venait le moment de mettre le foin en " haro ", c'est à dire de le regrouper en ondin pour l'acte suprême du bottelage. Quelques tourbillons emportaient le foin, défaisant les ondins.
Les bottes de foin des années 70 et 80 étaient de type moyenne densité, compactes, bien rectangulaires, idéales pour s'asseoir dessus. Avant, c'était des bottes peu serrées et peu pratiques. A partir des années 90, les big-ballers sont arrivées.
Avant de les amener à la ferme  et de les stocker pour l'hiver, les bottes de moyenne densité étaient le plus souvent  rassemblées en tas de cinq.  Mais, nous faisions aussi de gros tas; si nous avions pu mettre toutes les bottes dans le même tas, nous l'aurions fait.
Ensuite, venait la mise des échelons à la remorque GRUAU pour aller les chercher dans le champ. Pour poser l'échelon arrière, nous mettions le " culet " orange à l'horizontal. Ah! qu'il était lourd cet échelon arrière!  
" A la cadence ", nous faisions des charretées de cent à cent-vingt bottes, chargées avec un " broc " (fourche à trois doigts). Depuis des années, plus personne ne montait sur la remorque pour placer les bottes; celui qui chargeait, les plaçait également. C'était moins dangereux et ça allait aussi vite. " A la cadence " évidemment!
Quelqu'un conduisait le tracteur de tas en tas; Chaque rangée de bottes devait être placée différemment pour donner de la solidité à l'ensemble. En long, en large, un tissage en somme. Malgré cet entrecroisement, il nous arrivait de perdre des bottes dans le chemin. Nous disions alors que le foin avait " éboulé ". Mais les charretées " éboulées " étaient rares. Le chemin était pourtant des plus cahoteux. Le chauffeur savait où ralentir, où accélérer. C'était dangereux en descendant face à La Jeussais.
Une fois arrivées à la ferme, les bottes étaient déchargées et placées sous les remises. Le soir, maman arrêtait la trayeuse quand elle était à traire les vaches, pour venir nous aider à placer et à entrecroiser les bottes. En long, en large, le même tissage.
Maman apportait à boire.
" Une bolée " et nous remontions sur les Landes. " Ce qui est fait, est fait!  "
Le champ se vidait; Les remises se remplissaient; Le chargement, le déchargement, le va-et-vient des Landes pouvait durer tard le soir, jusqu'à 23 heures et plus. Il est plus facile de travailler le soir quand les dures rayons du soleil dardent moins intensément.
Nous faisions aussi du foin à Macaire. Papa avait même débarrassé le pré du haut en une seule nuit!
Puis, l'herbe repoussait.
Nous emmenions de nouveau les vaches aux champs. C'était le mois d'août. Ca sentait déjà la rentrée des classes. Nous suivons les vaches dans la poussière des chemins à l'ombre des chèvrefeuilles.
Elles connaissaient leur chemin et pénétraient à l'entrée du bas,  la première " cherrière ". Je revois ce piquet sur lequel nous attachions les trois fils barbelés en guise de barrière.
Le temps a passé.
Nous n'irons plus au foin.
Nous n'irons plus aux champs

 

 

Les battages à la Borde (Pléchâtel, Ille-et-Vilaine, France) :

 

C'est le printemps! Il faut donner du temps au temps.
Ce n'est pas mûr! Tout à coup, c'est mûr! C'est l'été! Il y en a qui ont déjà tout battu. C'est la panique!
Nous balayons le grenier, installons le moteur de la vis et la descendons par la trappe après l'avoir attachée à la charpente avec des cordes.
Nous mettons les hausses aux deux remorques; avec un sac dans chaque coin. Nous préparons des sacs vides pour les déchets de la moissonneuse-batteuse
Bien sûr, il faut demander la machine et l'attendre. La guetter car elle ne vient pas immédiatement. L'attente peut des jours et des jours. Et quand elle vient, elle ne bat pas tout, car tout n'est pas mûr; Alors, il faut la redemander et attendre de nouveau.
Elle revient plusieurs fois.
Quand elle arrive, ça commence par une bolée pour le chauffeur. Nous lui indiquons par quel champ commencer.
Nous avançons la remorque sous la trémie de la moissonneuse-batteuse. La première trémie qui correspond au tour du champ est mise à part, car c'est plus humide.
Quand il y a des pommiers, la moissonneuse-batteuse ne peut pas approcher et il faut finir à la faux et mettre dans la coupe de la machine les épis ainsi fauchés.
Ah! le Doux de la Cottaie! Mais les pommiers disparaissent d'années en années.
Lorsque la remorque est pleine, nous l'amenons dans la cour et la plaçons sous la vis.
Dans le grenier, sous la poussière, deux personnes à l'aide de brouettes placent le blé, l'avoine ou le seigle dans le bon endroit et à la bonne hauteur.
Au niveau de la remorque, c'est dangereux; la vis peut happer un bras ou couper des doigts. Il y a eu de nombreux accidents.
A l'aide d'une râpe, papa amène le grain vers la vis. Il règle la hauteur de la remorque avec le vérin hydraulique ou avec le cric pour la plus vieille. S'il y avait trop d'inclinaison, ça renverse.
Dans le champ, la moissonneuse déverse la paille, un peu partout. Il faut redresser les ondins avec une fourche ou un broc ( fourche plus légère, composée de trois doigts).
La botteleuse en moyenne densité suit en principe la moissonneuse; mais elle peut aussi ne venir que quelques jours plus tard. Les bottes en big-ballers ont ensuite remplacé les petites bottes de moyenne densité. Quelques fois la botteleuse ne lie pas les bottes. Le " noueur " ne fait plus les noeuds.
 Pour éviter la pluie, les bottes de paille sont mises en tas, cinq par cinq.
Toute la récolte n'est pas mise dans le grenier; Quelques remorquées sont vendues à la coopérative à Messac, chez Barbier ou à la CAR.
La partie entreposée dans le grenier sert de semence ou est destinée à être moulue pour faire du " gaboret " pour les cochons.
Nous allons chercher les sacs de mauvaises graines laissés dans le champ par la moissonneuse-batteuse.
Ensuite, vient le temps de ramasser la paille.
Nous avons une technique pour charger, sans qu'il y ait quelqu'un sur la remorque; c'est moins dangereux car il n'y a plus de risque de chute. Nous déchargeons les bottes et les plaçons sous les remises en les entrecroisant. L'entraide avec les voisins se raréfie d'année en année.
Les champs se vident, on voit les machines au loin, on les entend tard le soir. Il ne reste plus que les chaumes; c'est déjà l'automne, c'est déjà l'hiver.

 

 

LES CHOUX à la Borde (Pléchâtel, Ille-et-Vilaine, France) :

 

" Si tu veux du plant de chou, sème le! " C'est ce qui avait lieu dès le mois de mars (enfin je crois que c'était en mars, je ne sais plus, avril peut-être?) Vous voyez, il faut écrire pour se souvenir, il faut écrire pour immortaliser, il faut écrire avant d'oublier.
Papa en semait grand.  Sous les pommiers dans le Domaine de La Minourais, sous le grand " Doux de la Cottaie ". Sous les chênes et les châtaigniers, le long de l'ancien chemin allant vers La Berraudais, au-dessous le pommier de reinette (Vous vous en souvenez, il n'avait jamais de pommes) ; ces arbres ont disparu au remembrement.
Ce qui je dis pour les choux, je pourrais le dire aussi pour les betteraves ou " lisettes ".
" Si tu veux planter des choux, arrache-les! " Eh oui! Il fallait aussi les arracher avent de les planter.
Dès le mois de juin, ou en juillet quand la terre avait déjà donné une coupe de ray-grass, nous arrachions des choux pour les planter.
Je me souviens de ces brouettes, remplies de paquets de choux, bien rangés: les racines d'un côté, les feuilles de l'autre.
Quand les brouettes ne suffisaient pas, nous ficelions les paquets. Les racines trop longues étaient taillées au couteau " à saigne cochon ". Les feuilles des choux n'étaient jamais coupées; par contre, on taillait  systématiquement celles des betteraves.
Quand il faisait très chaud, nous arrachions le jour, pour planter à la fraîcheur des fins d'après-midi.
Pendant que nous arrachions, papa préparait la terre. Il charruait, hersait et roulait. Plus tard, est arrivé un merveilleux outil: le vibroculteur qui sommeille aujourd'hui sous les chênes; il a remplacé la herse et le rouleau. Un " charruage " vaut un arrosage. Je préfère le mot " charruer " au mot " labourer ". Il exprime mieux la terre, le terroir, le retournement du sol par le soc.   
Papa conduisait le tracteur, ajustant la vitesse du tracteur à celle des planteurs qui " mettaient sur la planteuse " . " Mettre sur la planteuse " : c'était un travail pour les enfants; c'était un travail à la chaîne qui consistait à poser le plant de chou dans la gueule d'une pince qui s'ouvrait et se refermait, happant le chou au passage. Maman suivait à pied la planteuse, une tranche dans une main, une poignée de choux dans l'autre. Elle " remplaçait ", c'était le mot utilisé. Ce mot est mal choisi car elle ne remplaçait pas de chou, elle plantait plutôt un chou, là où la planteuse n'en avait pas mis. Dans la courroie d'entraînement, de la terre pouvait se coincer; ça bourrait, il fallait arrêter. Pour que le soc de la planteuse s'enfonce bien dans le sol, des sacs de sable étaient déposés sur l'avant de l'engin, pour l'alourdir.
Quelques fois, il y avait des choux plus gros que les autres; c'était une sorte d'amusement de voir la planteuse le planter.   
Deux rangs par deux rangs, le champ se remplissait.
Nous descendions dans les bouts du champ lors de la manoeuvre de changement de sens. La planteuse se levait; c'était dangereux pour les têtes; il fallait se mettre à l'écart.
Nous chantions parfois sur la planteuse. Derrière le tracteur, il y avait beaucoup de bruit, personne n'entendait.
Dans les bouts, nous prenions le plant dans les brouettes et le placions dans les bacs de la planteuse, après avoir trempé les racines dans de l'eau.
Cette eau était la bouée de survie des premiers jours, pour le chou. Nous frottions mêmes les choux par terre, pour que la racine soit entourée de boue. Plus de terre, donc plus d'eau, donc plus de survie.
Cette eau était apportée à l'aide de bidon d'aluminium et déversée dans des seaux en plastique appelés  " chaudrons ".
Pendant la grande sécheresse de 1976, nous avions réussi à planter des choux après du blé battu en juin. C'était le record absolu! C'était un exploit!
Une autre année, nous avions attendu jusqu'au mois d'août que la pluie revienne. J'étais allé à la pêche avec Jean-Yves dans des étangs près des pistes d'avion de l'aéroport St-Jacques-de-la-Lande, près du terrain de golf, en attendant le retour de la pluie.
Pourtant, ce n'était pas toujours la sécheresse, qui nous faisait des difficultés.
Parfois, il pleuvait de trop. Les conséquences étaient aussi néfastes, pires peut-être. Eclairs et tonnerre; Les orages s'abattaient brutalement sur La Borde; la " remise " était inondée; la terre de la pente emportée sur la route de Messac. Nous nous enfoncions en marchant sur la terre meuble dans le Domaine de la Minourais; l'orge était ravagée, aplatie par une coulée de  terre  ; le champ s'était transformé en un marais de boue.
Nous débranchions tous les appareils y compris l'antenne de télévision. Je me souviens de la foudre et  d'une boule de feu explosant " Pan! " dans le milieu de la cuisine. Eh oui! Il fallait aussi fermer la porte. Si quelqu'un avait été à l'endroit de l'explosion, il aurait été tué. Moi j'étais assis sur l'une des trois chaises alignées contre la cloison.  
En résumé:
  Quelles belles journées!
  Quels beaux souvenirs!
  Serait-il possible de revivre tout ça?
  Serait-il possible d'avoir les mains terreuses? Les mêmes mains? Pas celles d'aujourd'hui!
  Serait-il possible de revoir ces paquets de choux bien ficelés?
Deux planteuses se sont succédées: La Frégate (verte et jaune) et la Super-Pratique (rouge et bleue) aujourd'hui en train de rouiller sous un hangar.
 Mais les planteuses n'ont pas toujours existé; Avant elles, le travail se faisait à la tranche.  
Une fois plantés, les choux demandaient encore beaucoup de travail. Fin août, il fallait les housser. Autrefois, on utilisait une houe à cheval. Dans les années 70 et 80, c'était une houe à trois rangs pilotée par le tracteur; ça arrachait et écrasait beaucoup de choux dans les bouts. Les mauvais herbes les plus répandues étaient les " snies ".
En octobre, quand la nourriture manquait, si les choux étaient suffisamment grands, on pouvait les " chauler ", c'est à dire cueillir les feuilles pour les donner aux vaches.
A maturité, les choux étaient coupés avec un " faucillon " (une serpe), et donnés aux vaches dans le pré ou à l'étable. Plus tard, ils ne furent plus coupés; les vaches venaient elles-mêmes les manger sur place, part par part, gardées par une clôture électrique.
En fin de saison, vers mars ou avril, les choux fleurissaient jaune. Il était temps de débarrasser le champ pour semer l'orge; alors la cour se remplissait  de grandes remorquées de choux.
Un petit carré de choux était quelques fois gardé pour la semence. L'angle aigu à l'entrée de La Borde, était l'endroit idéal pour cela. A l'été suivant, nous récoltions la graine qui était battue au fléau dans la remorque. Quelques kilos de graines étaient récoltés.
" Si tu veux du plant de chou, sème le! "
Et tout recommençait.
C'était cela la marche des siècles. Et tout s'est arrêté.
Plus tard, les choux n'ont plus été plantés mais semés directement.
Les betteraves n'étaient ni coupées au " faucillon ", ni mangées sur place; Elles étaient arrachées, effeuillées et stockées dans un silo situé près de l'écurie dans le creux du vieux chemin. L'arrachage et l'effeuillage se sont faits d'abord à la main. Puis, est arrivée une machine: " l'arracheuse de betteraves " de Fleury de Langon.     

 

 


LES SEMAILLES à la Borde (Pléchâtel, Ille-et-Vilaine, France) :


En septembre, venait l'époque de la sélection des semences; De nouvelles semences certifiées étaient achetées à la coopérative; mais l'essentiel provenait du triage des céréales récoltées sur la ferme. Ce triage était effectué par un trieur ambulant qui allait de ferme en ferme; Il était conduit par Roger Golivet de La Touche ou Rabadeux  de La Linelais.
Il y avait bien un engin pour trier dans le grenier: un van. Mais ce van (pour vanner) était plus encombrant qu'autre chose; nous l'avions précipité dans le pré par la trappe du grenier.
Papa mettait des grains à germer dans une boîte à sardines sur le buffet, pour vérifier la bonne germination.
Semer l'avoine, le blé ou le seigle: on appelait ça " faire la Toussaint  " . Car cela se passait dans les temps de la Toussaint: octobre et novembre.
Charrue, herse, rouleau se succédaient au champ, préparant le passage du semoir. Aujourd'hui au " combiné ", un seul passage suffit après la charrue. Le " combiné " est une herse rotative associée à un semoir. Nous nous sommes éloignés du licol, du joug et du timon.
Maman dit souvent:                                                      
- Les roches sont les os de la terre; il y en aura toujours de nouvelles qui sortiront du sol; Quand papa avait changé de charrue, il y en a eu beaucoup qui sont apparues alors qu'avant il n'y en avait presque plus.
Depuis le néolithique, où  l'homme a appris l'agriculture, les paysans semaient leur blé à la main marchant au pas. Cette très belle image a souvent été peinte par les  plus grands artistes.
" Le paysan ...  retournant  la terre avec le soc de la charrue, mêlant ses sueurs brûlantes aux pluies glacées de l'automne. " écrivait Chateaubriand.
Les premiers semoirs ont été traînés par les chevaux, puis par les tracteurs.
Je me souviens d'un premier semoir rouge; Il a été repris par Mat-Service lors de l'achat du second et revendu aux Meilleray de Langon et a péri calciné dans l'incendie de leur hangar.
Le second semoir jaune et bleu, de marque Sulky acheté à Mat-Service à Guipry a pris la relève. (Ces semoirs Sulky sont construits à Chateaubourg, entre Vitré et Rennes).
Papa descendait les sacs de semence du grenier, mélangeait les grains avec de la poudre bleue à l'aide d'un manche d'outil cassé, pour protéger la graine le temps de la germination. Je me revois emmenant dans la benne, les sacs (ou " pochées " ) de semence sur Les Landes.
Les corbeaux et autres oiseaux pouvaient endommager la levée. Une année, plusieurs dizaines de corbeaux furent empoisonnés et leurs cadavres furent empilés dans la cour de la ferme, à l'entrée de la " chaudière ".
Le gel hivernal était à craindre. Si le gel détruisait le semis d'automne, on recommençait au printemps. L'avoine peut être semée à l'hiver ou au printemps.
Le climat avait changé; Il était devenu impossible d'obtenir de bonnes récoltes de printemps, en orge qui semait après les choux.
D'autres céréales, mieux adaptées au climat, ont été introduites: le seigle, le Tritical. On pouvait aussi faire des mélanges: blé-avoine, avoine-seigle...  
Des variétés de blé me reviennent à l'esprit: 23, Capel, Marius Man (blé fourrager).
On n'utilisait jamais le mot " blé " ; on le lui préférait celui de " grain " .
La Borde était reconnue; Considérée parfois comme la meilleure ferme de Pléchâtel, jusqu'au remembrement qui a mis les autres exploitations à son niveau.
J'ai toujours apprécié cette période; J'aime les travaux des champs et de la terre, le blé en germination, le seigle à la fine tige rouge sortant du sol...
En juin, c'était l'arrachage à la main des " parelles ", chardons, " avron  " (folle avoine) et autres mauvaises herbes. Travaux manuels rendus obsolètes par les traitements au pulvérisateur.
En 1970, si récolter 40 quintaux à l'hectare était une performance, aujourd'hui 100 quintaux à l'hectare n'ont rien d'extraordinaire.
L'emploi massif d'engrais a permis une augmentation spectaculaire des rendements. Aujourd'hui, nous devrions parler aussi de réducteurs de croissance ou de fongicides  pour éviter la " verse " .
Maman qui mesurait à l'enjambée la largeur des passages du tracteur traînant le distributeur centrifuge, dit:
- Pour l'engrais, c'était 11 pas. Pour le ray-grass, c'était 4 pas et "  un petit plus " .

 

 

 

LES POMMES à la Borde (Pléchâtel, Ille-et-Vilaine, France) :

 

La récolte avait lieu en octobre ou novembre.
Comme peu d'entre elles étaient tombées par terre, il fallait précipiter leur chute par le gaulage. On se servait d'une longue et lourde perche de châtaignier. Une perche en bambou aurait été trop faible. Il fallait frapper fort sur les branches pour les secouer, les bras tendus vers le ciel.
" Il ne faut jamais battre les pommes avant la Toussaint. " disaient les anciens. C'était un travail dur; Beaucoup sont morts à cette tâche. C'était plus pénible que le ramassage.
Accroupis, dans l'herbe, dans l'humidité, dans la boue, nous les ramassions à la main, pomme par pomme, dans des seaux en plastique, autrefois dans des paniers en osier. Les seaux étaient vidés dans des sacs ou déversés en vrac dans la remorque.
Sous les pommiers, Il y avait de la boue quand les vaches avaient préalablement piétiné le sol, pour manger les premières pommes tombées par terre et à moitié pourries. Mais c'était dangereux pour les vaches de manger des pommes; Les pommes avalées pouvaient rester bloquées dans la gorge et étouffer l'animal.
On utilisait des sacs à engrais, ce qui n'était peut-être pas ce qu'il avait de plus sain pour la santé, à causes des dépôts de nitrates ou de sulfates, collés au sac; on retournait les sacs pour diminuer les effets néfastes.
Une partie de la récolte était gardée pour  faire du  cidre  destiné  à  la  consommation  familiale  ( appelée " la servitude " ) qui nécessitait 10 à 15 barriques. Une barrique contient environ 220 litres.
Le surplus était vendu à l'usine de La Fermière ( cidrerie industrielle ) à Messac qui reste l'un des deux derniers industriels cidricoles d'Ille-et-Vilaine. L'autre étant Loïc Raison de Domagné.
A Messac, autrefois, pour accéder à la cidrerie, il y avait deux longues files d'attente pour la livraison des pommes à la cidrerie: l'une rive droite sur Guipry, l'autre rive gauche sur Messac. L'attente pouvait durer plusieurs jours; le soir, on dételait la charrette;  on  revenait  le  lendemain.  " Les charretées  de  pommes de La Beaucelais... "
Puis, pour éviter ces longues attentes, sont arrivés les bons qui assuraient un passage dans la journée. Encore fallait-il en obtenir! C'était une sorte de réservation.
Avant de faire le cidre, il fallait laver les fûts à l'eau chaude en les faisant rouler sur une échelle couchée par terre. L'eau de lavage s'imbibait dans le sol, à l'aide du trou creusé dans la terre près de la porte d'entrée dans la cave.
Auparavant, les fûts avaient été cerclés avec des cercles de châtaigniers puis de nos jours des cercles métalliques rivetés, appelés " feuillards ".
On " tintait "  les fûts. " Tinter les fûts ", c'est les aligner, les mettre d'aplomb. Un véritable travail d'expert!
Et enfin, vers décembre, on faisait le cidre: on " pilait " . " Piler des pommes " : c'est broyer et presser les pommes pour faire du cidre.
Une presse à cidre ambulante venait à domicile à la ferme. La première presse était celle de Heuzé de Bain-de-Bretagne.
Autrefois, on utilisait un pressoir en bois. Je n'en ai jamais vu à La Borde; Par contre, je me souviens d'être allé dans une ferme voisine " piler au pressoir " .
Pour faire du bon cidre, il faut mélanger différentes variétés de pommes, ne pas prendre une variété unique. 15 kilos de pommes font 10 litres de cidre.
Après le pressage, il restait des résidus  appelés " marc ". Ce marc était étendu dans un pré et était apprécié des vaches.
Quelques jours après la " pilerie " , on pouvait boire du cidre: c'était du cidre doux.
On ajoutait un peu d'eau pour que le fût soit toujours bien plein afin que les déchets (marc) sortent par le trou supérieur (" bonde ").
Une " bonde "  est un gros bouchon supérieur taillé dans le bois.
Soutirer, c'est transvaser le cidre d'un fût dans un autre pour le clarifier.
Avec l'introduction de nouveaux produits (des sachets achetés à la pharmacie), il n'y a plus eu besoin de soutirer.
Pour améliorer la qualité et la conservation, on pouvait faire brûler des barres de souffre jaunes suspendues par un fil d'acier dans le fût.
On utilisait une ronce pour vérifier qu'il n'y avait pas de lie ou " mère " . La lie est un dépôt sur le cidre.
Les étapes successives de dégustation étaient:
               Tirer au siphon pour le goûter.
               Tirer au " fausset "  pour le goûter plus durablement.
               Mettre la clé dans le fût (la " mise en perce " ).
Un " fausset "  est un petit morceau de bois servant de bouchon. La première fois, la clé était mise au milieu, la seconde fois, tout en bas.
" Boire une bolée " : voilà des mots que nous avons souvent entendus.
Boire une bolée: cela se passait à la cave, assis sur un banc, tirant à la clé, avec le même verre pour tous les buveurs. Ce verre n'était pas lavé souvent. Et personne n'était malade!
" Bolée "  vient de " bol " ; Autrefois, on se servait d'un bol. Aujourd'hui, même avec un verre, on continue à parler de " bolée " et non de " verrée ".
En mars, une partie du cidre était mise en bouteille: ce cidre devenait du " cidre bouché " . Le cidre bouché est une sorte de mousseux. Si le cidre était mis en bouteille trop tôt, les bouteilles risquaient d'exploser. Les bouteilles devaient être solides pour supporter la forte pression. Les champenoises (bouteilles à champagne) étaient idéales. Une année, toutes les bouteilles explosaient.
Au fil des mois, le cidre devenait de moins en moins bon; on disait qu'il " cuisait "  ou qu'il était " cuit " . Il est difficile de boire du cidre vieux de plus d'un an. Le cidre bouché se conservait mieux.
En juin, mais aussi toute l'année, le vieux cidre de l'année dernière, servait à faire de l'eau de vie (ou   " goutte " ). Dans la remorque, on chargeait le cidre et le bois de chauffage. Et on emmenait le tout au " bouilleur de cru " , qui avait installé son alambic ambulant au bord d'un ruisseau, comme à La Bourgonnière en Messac ou à La Glénais en St-Malo-de-Phily. 10 litres de cidre font 1 litre de goutte.
Ne pouvaient " faire de la goutte ", que les détenteurs du " droit de brûler ". Une déclaration du jour et de l'heure devait être faite auprès des services de la répression des fraudes à Bain-de-Bretagne qui délivraient un acquit (un acquit-à-caution, document permettant de faire circuler librement des marchandises soumises à l'impôt indirect) .
Chaque détenteur du " droit de brûler "  avait droit à mille degrés. Ce droit des " mille degrés " a été aboli par les députés vers 1960. Ceux qui le possèdent, l'ont à vie. Comme il n'y a plus de nouveaux ayants droit, il s'éteindra " sans bruit, comme l'ont déjà fait tant de cultures périmées ".
Il n'y avait pas qu'avec les pommes que l'on pouvait fabriquer du cidre; Les poires faisaient un cidre de qualité et de goût supérieurs: le " poiré " .
Les pommes dites " à couteau "  étaient montées dans le grenier pour l'hiver. Elles étaient cueillies à la main avec une échelle ou dans la remorque; Il n'était pas question de les gauler ou de les ramasser sur le sol car les pommes ayant pris des coups ne se conservent pas et pourrissent rapidement à cause des meurtrissures.
Ces pommes pouvaient être croquées, cuites dans un plat au four ou transformées en compote. Avez-vous déjà goûté à cette vraie compote de pommes?
Les différentes variétés de pommes étaient:
            Locard
            Bédange
            Doux de la Cottaie
            Petites rouges
            Judin
            Bravehomme
            Chailleux
Tous les champs contenaient des pommiers; Une ferme bien " plantée "  était une belle ferme, une ferme de valeur (bien boisée aussi) . Mais on peut citer comme vergers: le Séjour et le pré de la cave. Avec la mécanisation, surtout les moissonneuses-batteuses, les pommiers sont devenus gênants; Les tracteurs étant de plus en plus hauts.
Ils ont disparu au fil des ans, de vieillesse ou arrachés volontairement. Je me souviendrai longtemps d'un remarquable pommier: le " Doux de la Cottaie "  dans le Domaine de la Minourais; Il produisait plus d'une tonne de pommes, pourtant très petites. Le " Doux de la Cottaie " était reconnu pour faire du bon cidre.
Beaucoup de pommiers ont disparu:
Il y avait des pommiers le long de la route de Messac, dans la pente, une petite rangée en montant le chemin, les pommiers de Judin dans le bas du Séjour...
Ces belles images appartiennent à jamais au passé. Elles disparaîtront avec ceux qui les ont imprégnées au fond de leur mémoire. Il y a beaucoup de nostalgie dans tout ça, n'est-ce pas!

 

 

LA TRAITE DES VACHES à la Borde (Pléchâtel, Ille-et-Vilaine, France) :


Il faut absolument que je vous parle d'un travail qui a été important dans la vie de la ferme de La Borde, aujourd'hui disparue et rattachée à une autre: traire les vaches.
" Traire "  signifie " tirer le lait de la mamelle " .
C'était un travail quotidien. Matin et soir, du premier janvier au 31 décembre, les vaches devaient être traites.
Pendant 44 ans, de 1954 jusqu'à 1998, même s'il n'en restait plus que quelques unes durant les dernières années, les vaches ont été traites à La Borde. Jusqu'en janvier 1998, tout le lait consommé à La Borde a été produit sur place.
Au début, comme depuis l'origine des temps, les vaches étaient traites à la main. Celui qui trayait s'asseyait sur un tabouret en bois à trois pieds avec un seau devant lui, placé sous le pis de la vache.
En 1966, une " trayeuse "  ou " machine à traire "  de marque Alfa-Laval, achetée à Chateaubriant avec un nommé Pinard aujourd'hui marchand de voitures, est arrivée. Quel progrès!
Cette machine est composée d'un moteur et d'un long tuyau ponctué de robinets qui faisaient " psch... psch "  quand on les ouvrait. Le lait était aspiré dans deux pots en inox, surmontés d'un pulsateur. Ce pulsateur était le coeur du système. Merveilleuse invention! Le lait des pots en inox était vidé dans des bidons.
Enfin, en avril 1983, un transfert " Alfa-Laval " a été installé. Il a apporté le transfert direct - d'où son nom - du lait par un deuxième tuyau dans le tank (citerne à lait).
Traire les vaches était un travail féminin. La femme à l'étable; l'homme aux champs.
Le soir dans la campagne, on entendait le moteur des machines à traire.
Pourtant, traire les vaches, avait des contraintes: se courber le dos, l'imprévisibilité des vaches et leurs coups de pieds, de cornes, de tête. C'était un travail dangereux. Maman pourrait en parler.
Les vaches n'étaient pas toujours dociles; maman devait en attacher par les cornes avec les cordes nouées à la crèche.
Le soir, on allait chercher les vaches au champ; Elles étaient " nachées "  (attachées autour du cou avec une chaîne appelée " nache " ). On leur donnait à manger dans la crèche du foin, des choux, de la paille, du " gaboret "  ou de l'ensilage, avant ou après la traite; ça dépendait de leur appétit.
La nuit, les vaches restaient à l'étable. Il n'y avait donc pas besoin de les rentrer à l'étable le matin.
Le soir, avant d'aller se coucher, il était de coutume d'aller  " voir aux bêtes " . " Voir aux bêtes "  c'était aller à l'étable vérifier si aucune vache n'était malade.  Les chiens comprenaient ce que signifiait "  aller voir aux bêtes " . Ils aboyaient dans la maison et voulaient sortir. Riquette se précipitait vers la porte pour sortir la première de la maison.  
Le matin après la traite, les vaches étaient détachées (" dénachées " ), pour les emmener aux champs.
Même l'hiver, quand il n'y avait pas d'herbe dans les prairies, elles étaient " dénachées "  pour aller boire dans la mare ( " le trou "  ) en bas du Paumery, entre l'ancienne poste de Pléchâtel et la fontaine. La partie de la prairie voisine du puits n'était plus qu'un champ de boue.
Pendant qu'elles étaient dehors, nous " jetions l'écurie " (" ou jetions le tas " ), c'est à dire que nous enlevions le fumier et nous faisions les litières. " Faire les litières " : c'est étendre une couche de paille pour faire le " lit " des vaches.
Quand je parle d'écurie, c'est plutôt d'étable qu'il faudrait parler; L'écurie c'est pour les chevaux; l'étable c'est pour les vaches. Cette erreur de langage est due au fait, qu'avant d'avoir des vaches dans les bâtiments, il y a eu des chevaux; Le qualificatif  " écurie "  est resté.
Mais, le mot le plus utilisé est le mot " tas " . Le " tas aux chevaux " , le " tas aux vaches " .
Je me souviens du dernier cheval de trait de La Borde; Il s'appelait Gabelou. Papa l'avait gardé pour traîner la houe. Au port de Guipry, il y a une rue des Gabelous; mais ça n'a aucun rapport.
Il y avait deux 2 étables juxtaposées; l'une provenant de l'agrandissement de la remise arrière réalisée pendant l'été 1975. Je rentrais au Lycée à Redon.
Dans l'ancienne " écurie aux chevaux " , il n'y a jamais eu de machine à traire; cette étable ( vous voyez: je mélange les mots " écurie "  et " étable "  ) était réservée aux veaux destinés à devenir des génisses, tétant leurs mères qui  paissaient dans le pré de la cave et du Paumery et qui venaient se faire téter le soir et le matin.
En été, il faisait chaud dans l'étable; Il y a avait de la buée, de la transpiration et ce, malgré que toutes les portes étaient ouvertes . L'hiver était plus agréable.
Je me souviens de divers éléments de la " trayeuse " : Les manchons trayeurs, les pulsateurs, les robinets, les seaux de lessives spéciales pour laver les tuyaux du transfert. Il fallait de la qualité!
Les vaches avaient des périodes avec du lait et des périodes sans. Elles " tarissaient " .
La naissance des veaux déterminait la quantité de lait produite. Les premiers jours, les veaux tétaient aussi leur mère. Ils étaient attachés le long du mur du côté du moteur de la trayeuse. Ils attendaient d'être vendus ou " mis à l'attache "  pour devenir une génisse puis une vache, si le veau était une femelle, bien sûr.
Au printemps, quand les vaches allaient dans le ray-grass, elles produisaient plus de lait.
Les chats aimaient boire le lait et se précipitaient à l'heure de la traite; ils auraient pu tomber dans les bidons ou même dans le tank, et s'y noyer. Ca n'est jamais arrivé. Ils dévoraient le filtre de papier blanc de la passoire imbibé de lait. " Mon Minet " était de la partie.
Le lait a d'abord été collecté dans des bidons de vingt litres, en aluminium. Puis, les " tanks à lait " , sortes de grosses cuves réfrigérées ont remplacé ces bidons d'aluminium que nous avons utilisé pour transporter de l'eau. Le laitier ne passait plus tous les jours. Les tanks étaient de plus en plus grands; le camion de ramassage passait de moins en moins souvent. Ah, j'oubliais! Entre temps, il y a eu un petit bac, pour refroidir les bidons dans de l'eau fraîche. Ce bac venait de La Jeussais.
Parmi les laitiers, citons: Jean Sicard, Jean-Claude Guermont de Pléchâtel.
Quelques voisins ou vacanciers prenaient leur lait à la ferme.
Le pot à lait était posé  sur la fenêtre arrière; Ils le prenaient seuls, laissant un pot vide pour le lendemain; Je pense à la famille Le Prince des Forges.
Autrefois, le beurre pour la consommation familiale était fabriqué sur place avec une " ribote " ; Ce beurre est appelé " beurre de baratte ". On ajoutait un peu de sel pour obtenir du " beurre demi-sel " . Le lait ribot, lait restant après la fabrication du beurre était très apprécié. Il l'est toujours d'ailleurs. Quel délice avec des châtaignes!
Ensuite, la laiterie fournissait le beurre, qui était livré par le laitier à son passage.
Une " écrémeuse "  servait à extraire la crème du lait, car au début la laiterie ne prenait que la crème. Le lait restant (ou " petit lait ") servait  à nourrir les cochons.
Deux laiteries se sont succédées: Négobeureuf de Redon et Derval , et Bridel de Retiers.
La quantité de lait était mesurée avec une tige métallique et notée sur un carnet à feuilles détachables. Le laitier décrochait une feuille à son passage. Bridel avait un journal gratuit de petites annonces (matériel agricole d'occasion, paille, foin, fourrage, animaux...) .
L'ensilage, herbe et maïs, est apparue en 1979.
Autrefois, chaque ferme produisait du lait; Aujourd'hui, ce n'est plus le cas; La production s'est concentrée sur un nombre réduit d'exploitations. La Borde a produit 80 000 litres de lait par an. Aujourd'hui, les quelques exploitations restantes en produisent plusieurs centaines de mille.  
Les années 70 ont été des années de course à la production. Les prix étaient subventionnés et garantis par  la Communauté Economique Européenne. En 1984, les quotas laitiers sont arrivés; l'élan de production a été stoppé. Le droit de produire plus s'est arrêté. Il ne fallait plus produire plus que l'année précédente.
Les quotas étaient liées à la terre. Des primes successives ont été données pour abandonner la production de lait. Maman et papa en ont pris une pour cesser cette activité.
Des vaches malades pouvaient produire du lait impropre à la consommation. Il ne fallait pas mélanger ce mauvais lait avec du bon, sinon la totalité risquait d'être de mauvaise qualité.
Vers 1980, nous avons ouvert un grand portail au bout de l'étable; Ce portail a permis au tracteur d'entrer à l'intérieur et d'utiliser un rabot à lisier. Avant tout le travail se faisait à la main, la fourche et la brouette.
Plus tard, les salles de traite sont arrivées. C'est ce que vous verrez si vous visitez une exploitation agricole de notre époque.
Les contrôles qualité ont été de plus en plus rigoureux.
A Macaire, le long des voies ferrées, il est arrivé que les génisses aillent sur les voies, ralentissant les trains. Mais sans gravité; Il n'y a jamais eu d'animaux blessés. Ces incidents étaient couverts par une assurance. D'autres agriculteurs ont parfois eu une partie de leur troupeau décimé par le train.
Je pourrais aussi parler des clôtures:  fils électriques ou fils barbelés.
Ah! les clôtures, je connais quelqu'un qui pourrait vous en parler mieux que moi; Il disait d'ailleurs en les réparant : " si on reste, on va y rester. "
Au printemps, dans le ray-grass, les vaches avaient chaque jour une part nouvelle à paître. A cet effet, on avançait ou on reculait (je ne sais pas comment dire) le fil de clôture électrique.  L'été quand le sol avait durci, il était difficile d'enfoncer les piquets; il fallait utiliser une petite barre de fer, voire une masse à l'époque des piquets en bois.
Quand les vaches n'avaient pas suffisamment à manger, elles pouvaient casser le fil et envahir le champ tout entier. Elles " pilaient " (piétinaient) et faisaient du dégât, occasionnant de la perte. Il fallait alors les faire sortir, raccommoder les fils et changer les isolateurs cassés.
Lorsque la nature proliférait, de mai à juin, elle recouvrait les fils de clôture électrique des  hautes herbes, longues orties. Une ronce tombée sur un fil, réduisait la puissance de la clôture. Il fallait tailler, jouer du " croissant "  et de la faucille.
Le haut de Macaire a été transformé en prairie en raison des difficultés pour conduire les vaches dans la partie la plus basse. Un couloir, en bordure du ruisseau, servait d'accès au pré du bas.
Autrefois, quand il n'y avait pas de voitures sur les routes, les vaches prenaient le vieux chemin creux en direction des Forges. Mais divers accidents ont rendu ce trajet impossible. Je me souviens d'une patte cassée par un camion, la vache avait dû être abattue dans la soirée. Les vaches ont alors emprunté la route goudronnée pour aller à Macaire; Comme difficulté, il ne leur restait plus qu'à traverser la route de Messac.
Malgré tout ceci, certains  automobilistes jugeaient que le temps d'attente était encore trop long et tentaient de passer au travers des vaches. Papa pourrait raconter quelques anecdotes à ce sujet.
L'usage d'un drapeau rouge était obligatoire par le code de la route. Nous en avions un, qui restait dans le haut de Macaire.
Papa partait devant en tracteur, pour signaler aux automobilistes l'arrivée des vaches qui pouvaient courir et arriver brutalement sur la route. Maman " dénachait " les vaches et les suivait jusqu'à Macaire.
Les vaches pouvaient aussi être emmenées à Macaire, simplement pour boire. Le ruisseau était intarissable et offrait une eau propre. Même pendant la grande sécheresse de 1976, il a coulé sans tarir.
Le lait a été la production essentielle de La Borde des années 70 et 80.
En 1990, il y avait plus de 100 vaches (génisses comprises). Jugez l'augmentation de productivité depuis la Révolution de 1789; Villebout Noël  (52 ans métayer) et  Lebreton  Marie (54 ans) avaient comme cheptel : 6 vaches, 2 boeufs, 1 cheval, 8  moutons, 16 brebis, 0 cochon, 0  chèvre.
L'emploi massif d'engrais et la mécanisation forcée expliquent cet accroissement spectaculaire de productivité.
En 1998, il ne reste plus que 8 000 producteurs de lait en Ille-et-Vilaine.
Voilà pour l'essentiel, mais chaque  ligne mériterait 10 pages de développement.
Il y avait d'autres travaux: couper les cornes et les pieds (sabots) des vaches.

 

 


TUER LE COCHON à la Borde (Pléchâtel, Ille-et-Vilaine, France) :


Cela se passait à l'automne, en hiver, au printemps, rarement l'été. La chaleur nuit à la bonne conservation de la viande.
L'animal était en principe choisi longtemps à l'avance. On l'engraissait, comme il fallait, pour qu'il ne soit pas trop gras, avec du " gaboret " ou autres mélanges de céréales.
On demandait le " saigneur ". Le " saigneur " était celui qui tuait le cochon, qui le " saignait ". Il venait avec ses outils: ses couteaux, ses scies, ses haches...
De nombreux " saingnoux " se sont succédés:
       Grand-père de la Chopinais
       Eugène David de Guignen
       Vignon de St-Malo-de-Phily
       Thébault de St-Malo-de-Phily
L'animal était mis à la diète pour le jour du sacrifice.
On l'amenait sur le lieu du sacrifice, attaché par une patte, de la " soue " du haut à l'entrée de la " chaudière ".
Suivant la coutume, ou le tuait de façons différentes. Le cochon était assommé à l'aide d'une masse ou d'un maillet. La saignée était pratiquée en tranchant l'artère carotide. Egorgé, le sang était récupéré avec une poêle ou un plat. Il fallait le remuer pour éviter la formation des caillots. On le tamisait à l'aide d'une passoire.
Je vais vous épargner les détails; Mais sachez que le professeur Cabrol cardiologue dont les parents étaient agriculteurs, a appris l'anatomie ainsi, en regardant tuer le cochon.
Tuer le cochon: Ça peut mener loin! Jusqu'à Polytechnique?
A l'entrée de la " chaudière ", le cochon posé sur une échelle, était baigné dans une grande cuve d'eau bouillante qui rendait l'épilation plus facile. Cette cuve était un fût coupé en deux; ensuite les cuves en tôle galvanisée ont remplacé les cuves en bois. L'épilation se faisait avec une petite râpe à main. Dans les dernières années, les poils étaient grillés au chalumeau; C'était plus rapide et plus propre.
L'animal mort était ensuite pendu par les tendons des pattes arrière à une échelle posée contre un mur.
L'éventration et la première découpe commençaient. Là aussi, je vous passe les détails. Le  " découpeur " pouvait travailler un couteau dans la main,  un autre couteau dans la bouche.
La cervelle et les rognons étaient mis à part.
" Tout est bon dans le cochon " . Tout était récupéré: les boyaux pour la saucisse et le boudin, la couenne pour le fond des plats de pâté.
Le menu du jour était: la viande de porc cuite au cidre que nous appelions " prisau ".
La nuit suivante, on laissait la viande refroidir et se raffermir. Le lendemain matin, la découpe se poursuivait: rôti, côtelettes...
Certains morceaux destinés au congélateur étaient mis sous sachets de plastique.
Nous faisions la charcuterie:  pâté, saucisse, boudins...
Trois plats en aluminium servaient au pâté.
On cuisait les oignons. On tournait le hachoir; maigre, gras, oignons, ail, tout y passait. On tournait d'une main; on enfournait de l'autre. Attention aux doigts en mettant la viande dans le hachoir; mieux valait utiliser une fourchette. Le hachoir était mon boulot.
On se servait d'un entonnoir pour enfiler les différents ingrédients dans les boyaux de saucisses et de boudins.
Les boudins étaient mis à bouillir; avant, maman les piquait avec une épingle pour éviter qu'ils n'éclatent dans l'eau bouillante; ça faisait sortir les bulles d'air. On laissait refroidir les boudins sur une planche; on les retournait pour refroidir l'autre face. Ils étaient ensuite suspendus à sécher quelques temps avant d'être mis au congélateur.
Du saindoux était fabriqué avec de la graisse fondue. Ce saindoux servait à cuire la galette.
Nous n'avons fait du jambon blanc qu'une ou deux fois. Il fallait emmener le morceau de viande destiné au jambon chez Kervenn à Guipry.
Le lard était salé et placé dans un grand pot de grès appelé " charnier " (ou saloir) , entreposé ensuite à la cave. Pour une bonne conservation dans le charnier, il fallait beaucoup de gras. Un cochon gras valait alors mieux qu'un maigre. Le lard accompagné de choux verts était le plat traditionnel des paysans bretons.
L'arrivée des congélateurs a réduit le rôle prépondérant du " charnier " dans la conservation de la viande. Le gras n'avait plus d'intérêt. Le cochon était engraissé de façon différente. Côtelettes et beaux morceaux étaient mis en sac plastique pour le congélateur. Le gras n'avait plus de valeur.
Autrefois, on donnait aux voisins, de la saucisse, ... C'était une coutume que je n'ai pas beaucoup connue. C'était un échange. Comme il n'y avait pas de moyen de conservation, c'était une manière d'en manger plus tard, quand ils en redonnaient à leur tour.
Le dimanche suivant, on invitait famille et amis: c'était le jour des réjouissances. Les gens " allaient aux boudins " . Chaque année nous allions aux boudins chez les Gandeboeuf à Trémac,  chez Pierre Judais à La Boitelais.   
Le menu était composé de:
        -  soupe.
        -  os à moelle avec rutabagas (" rutaou ") , carottes, choux de pomme, pommes de terre.
        -  rôti et petits pois.
        -  pâté.
        -  boudin et compote.
        -  saucisse grillée.
Il y avait dans tout ceci des vestiges de fêtes ancestrales, de traditions paysannes témoignant d'une agriculture vivrière et millénaire.
Au cours des siècles: " tuer le cochon " signifiait manger de la viande; c'était un luxe.
Aujourd'hui, on ne tue plus le cochon dans les fermes; les agriculteurs peuvent encore en acheter une carcasse entière dans les supermarchés et la découper eux-mêmes pour la mettre au congélateur.
Vous remarquerez que je n'ai pas utilisé le mot " porc ". Nous ne parlions jamais de " porc " mais toujours de " cochon " . Alors j'ai respecté la tradition.

 

 


Le Maïs à la Borde (Pléchâtel, Ille-et-Vilaine, France) :


La première année (1979) de maïs à La Borde ne fut pas des meilleures. Le maïs avait été semé après des choux (ce n'était pas un bon assolement) dans le bas du Domaine de La Minourais, derrière la remise. Au moment de la récolte, il ne mesurait pas un mètre et était violet.
Mais ce désastre était simplement dû à " l'adabement " (tassement de la terre) par une forte pluie au moment de la levée et à la sécheresse survenue ensuite. Par ce tassement prématuré trop brutal de la terre, le jeune maïs avait été " acrassé " (tapi, tassé). Cette année-là, le maïs fut semé par Leduc de Meillac de St-Malo-de-Phily.
Mais comme on ne progresse que grâce à ses erreurs, il fallait une nouvelle stratégie. La décision fut prise de semer le maïs sur Les Landes, là où la terre convenait le mieux. La terre de landes est fine et noire; Elle ne s'agglomère pas et ne se tasse pas; Les racines des plantes peuvent s'y développer librement.
Cela faisait bien longtemps que la terre des Landes n'avait pas été labourée. C'était donc une révolution.
Jusqu'alors, Les Landes constituaient une grande prairie consacrée uniquement au foin. Cette terre avait été cultivée autrefois après son défrichement des années 55 et ensemencée en blé noir (sarrasin). Mais comme le sol était trop caillouteux, il en avait été fait une prairie.
Un problème restait :  Comment descendre à La Borde un tel volume de maïs en si peu de temps?
La distance était importante; Le chemin était cahoteux; il n'y avait pas de route car les fermes environnantes avaient été exclues du remembrement.
Une équipe d'entraide fut constituée; elle était composée d'agriculteurs voisins.
Je construisis des hausses à ensilage pour notre remorque Gruau; A cette fin, nous avions acheté le poste à souder, la meuleuse (Makita) et la perceuse (Hitachi) à Mat-Service à Guipry.
Un semoir à maïs d'occasion (Nodet-Gougis) fut acheté en association avec un voisin.
Fin août, nous faisions des " passées " , c'est à dire que nous coupions à la faucille le maïs tout au tour du champ. Cela permettait à l'ensileuse de commencer sans écraser le maïs.
Pour faire ces " passées ", l'idéal était: 2 coupeurs à la faucille et une personne plaçant les " brassées " dans la remorque.
Lors des fortes pluies de 1981 (est-ce la bonne année?), les ensileuses (engins très lourds) s'embourbaient dans les sols. Sur Les Landes, il existe une zone humide d'un hectare. Ensemencée de maïs, elle n'aurait pu être parcourue par les ensileuses. Aussi tout le maïs de cette surface humide fut coupé à la faucille.
Le maïs ainsi coupé était donné aux vaches dans la Séjour ou à Macaire.
L'épi de maïs se nomme " poupée " .
Le maïs était cueilli et broyé par une ensileuse.
 Il fallait " suivre " (ou plutôt marcher à côté)  l'ensileuse avec une remorque. Le maïs broyé était déversé dedans par la " goulotte " . Quand une remorque était pleine, une autre prenait la suite. Trois ou quatre remorques suffisaient à éviter que l'ensileuse n'attende.
Parfois les travaux se poursuivaient la nuit. Papa qualifiait le va-et-vient des remorques vers Les Landes de " pont aérien " .
Les remorquées étaient vidées pour constituer un tas. Un tracteur " poussait " le maïs à la fourche pour bâtir le tas; Un autre, souvent Louis Sorel, tassait par des passages répétés avec un rouleau.
Tasser le maïs était le travail le plus dangereux, surtout pour les tracteurs sans cabine ou arceau de sécurité. Beaucoup d'agriculteurs sont morts écrasés sous leur tracteur en tassant les tas d'ensilage.
Le maïs des Landes a toujours été excellent en qualité et en quantité; Les tas (ou silos en taupinières) étaient longs et larges.
Mettre la bâche sur le tas de maïs était souvent une tâche difficile à cause du vent. Même un faible vent était gênant. La même difficulté était rencontrée pour l'ensilage d'herbe. En réalité, le maïs était recouvert par 2 bâches: une bâche neuve et une bâche des années précédentes qui recouvrait la neuve.  La neuve était fragile, la vieille était plus dure et plus protectrice.
Des pneus et du sable, parfois de la terre étaient mis sur la bâche pour la maintenir plaquée contre le maïs et surtout l'empêcher de s'envoler au vent. Nous faisions le tour du tas avec le tracteur et la benne, jetant les pelletées de sable. Si la bâche flottait au vent, la couche supérieure de l'ensilage pourrissait.
Ensuite, un assolement a été pratiqué sur Les Landes : Trois hectares de seigle alternaient avec trois hectares de maïs.

 

 

La grange à la Borde (Pléchâtel, Ille-et-Vilaine, France)


Cette grange a été une ancienne maison d'habitation jusqu'au début de ce siècle, les enduits sont encore visibles. Les familles Villebout, Beauraisin et Rouillé ont vécu ici.
A l'entrée: des barres de fer appuyées dehors contre le mur, un portail coulissant en tôle galvanisée.
Une simple lampe posée sur le linteau de bois éclaire le tout. A droite en entrant: un amas de vieilles chaînes, divers  outils, un touret, des pelles, des pioches, des fourches, des bêches, une masse...
Faisons le tour de cette grange, énumérant  les divers objets de gauche à droite. Car " il y en a d'entassé! "
A gauche en entrant: une hache suspendue contre le mur là où autrefois nous accrochions les échalotes et l'ail durant l'hiver. Sur le sol: des coins en fer pour fendre le bois, une serpe, une pince à tisons.
Sous l'escalier montant au grenier: 3 larges étagères ( une clôture électrique, des bottes, des chaussures, des caissettes...)
Sur le sol: Une vieille marmite, une pierre à galettes, un moule à gaufres.
Un tuyau en PVC servant de trémies pour descendre les  céréales du grenier, avec une trappe à l'extrémité. Des  chaînes de tronçonneuse pendues au mur.
Un tabouret de bois taillé à la tronçonneuse.
Un buffet blanc contenant des rouleaux de papiers peints, des tuyaux et des caoutchoucs de la machine à traire. Ce buffet est surmonté d'une étagère (construite en 1980) à deux étages sur lesquelles sont entreposés une meuleuse (Black & Decker), une perceuse (Hitachi), des  électrodes pour poste à souder, un masque pour souder, des bombes de dégrippant pour boulons rouillés, une rallonge électrique...
Plus loin, une vielle poulie et une vieille lampe à pétrole accrochées au mur par un morceau de bois.
A droite du buffet blanc: " la boîte à bois " qui était autrefois dans la cuisine auprès de la cheminée, contenant le croissant, des morceaux de moquette, des cannes à pêche.
Viennent des pneus, des roues de secours, un madrier servant de longue cale pour voiture et le compteur électrique EDF dans l'angle.
Deux battants en fonte ouvrent sur l'intérieur du vieux four, rempli de tuyaux PVC et de ferraille.
Mon casque de mobylette est accroché contre le mur, à côté de la citerne à fuel..
Des manches d'outils (frêne) appuyés contre la citerne à fuel jaune (cuve de décantation de 1200 litres). Une  longue corde enroulée posée sur le sommet de la citerne.  A même le sol, dans le centre de la grange, un  jerrican plastique vert foncé à bec pour tracteur, deux bouteilles de gaz rouges, des seaux remplis d'outils, une tronçonneuse...
Un étau sur pied.
Sur l'établi: des marteaux, des tournevis, des pinces, des tenailles, des clés à molette, des équerres, des niveaux, des clés à tube, des pinces multiprises...
Sous l'établi: un trois-points, deux barres à trous (pour accrocher le rouleau derrière le tracteur), une prise de force...
Au-dessus de l'étable: Des rouleaux de fils enroulés pendus au mur. Une scie.
Un coffre provenant de chez Pigeault (récupéré à Macaire). J'avais construit une étagère à l'intérieur.
Un harpon, une égoïne plaquée au mur, contre le mur.
Un bidon d'huile de vidange avec un robinet (et des casseroles et des pinceaux, pour prendre et peindre l'huile de vidange), entre le coffre et les trois larges étagères (datant de l'époque Legaignoux) . Un lot de bidons de 2 litres d'huile pour faire les mélanges essence-huile pour tronçonneuse.
Sur les étagères dans le coin: des boîtes de boulons, de vis, de goupilles, d'isolateurs,  de robinets de plomberie, de rondelles.
Dessous les étagères: un tas de ferraille.
Plus loin:  des pneus de tracteur pendus au mur.
Une table avec des caisses de noix dessus.
Un vieux congélateur servant de table.
Deux étagères étroites à 3 niveaux sur lesquels  sont entreposés des pinceaux, des peintures, des vernis,  de la cire pour parquet.
Un large congélateur.
Un  essaim de guêpe conservé dans un sac plastique accroché au linteau de bois d'une vieille porte.
Une mobylette (Motoconfort 1975).
Un meuble marron contenant mes vieux cahiers d'école (de la sixième à terminale),  surmonté d'étagères  avec un seau de pointes.
Une large étagère à 3 étages (construite en 1980) sur lesquelles sont entreposés des bocaux de cerises et de cornichons, des boîtes de conserves. Dessous l'étagère: un  poste à souder.
...
Autrefois, les tracteurs dormaient ici, dans cette grange. Des sacs de scories et de ciment étaient entreposés au fond, le long du mur...

 


Alain LEBRETON
1999

 

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